Troisième revue d’effectif des outils d’aide à la narration par Le Blog documentaire. Cette fois-ci, nous avons rencontré l’équipe de Djéhouti, le troisième larron (français) du tryptique Klynt – 3WDOC – Djéhouti, qui forme l’arc principal des outils récemment arrivés sur le marché pour permettre de créer des expériences interactives.
Passons provisoirement sur la question théorique de savoir si le webdocumentaire, dans sa forme exigeante de réalisation et de regard critique, peut s’accommoder de tels outils, pour s’intéresser à la façon dont fonctionne concrètement le logiciel. Car tout porte à croire que Djéhouti est appelé, en concurrence avec 3WDOC, à jouer un rôle important dans la mutation du travail des communicants et journalistes de tout bord, avec leur interface HTML5 en cloud…
La première rencontre entre Le Blog documentaire et Djéhouti fut d’abord celle de deux mondes : le documentaire d’auteur d’un côté, tendance Lussas et Cinéma du Réel, et la communication « corporate » de l’autre, versant storytelling interactif, un vocable qui en irrite plus d’un dans l’univers volontiers pointilleux des documentaristes. C’était lors d’un « webdoc morning », organisé dans les locaux de l’agence de communication BDDP à Paris : Djéhouti y présentait son logiciel, entièrement en HTML5 et en cloud (c’est-à-dire proposant un stockage direct via le navigateur et non plus sur le disque dur de l’utilisateur). Le modérateur du débat, Lucas Menget, avait surtout provoqué son monde en parlant de la mort du webdocumentaire, ce qui m’avait fait réagir (à lire ici).
A la suite de cet événement, Le Blog documentaire a rencontré Grégoire Sierra. Il fait partie de la bande des touche-à-tout qui a crée le logiciel Djéhouti, déjà présent dans quelques rédactions : Radio France, qui a pris le logiciel en version Bêta, France 24 (avec la journaliste Sarah Leduc et un projet sur la Hongrie) ou encore Télérama (déjà actifs avec Klynt). Notons aussi au passage que Argelia Vallès et Ludovic Bonleux en font une utilisation nouvelle et prometteuse avec leur projet U.S. Caravana. Le logiciel leur permet de faire du « documentaire en direct ». Nous aurons l’occasion d’y revenir…
Selon Grégoire, Djéhouti ciblait au départ les porteurs de projets de documentaires web ou de version web de documentaires linéaires. Mais très vite, la question du modèle économique d’un tel logiciel (du temps de développement passé, de l’update régulier et de la difficulté de dégager une marge à partir d’œuvres uniques et singulières) les a amenés à proposer le logiciel, qui semble très intuitif dans l’utilisation, au monde de la communication « corporate », aux rédactions de presse ou encore à des blogueurs qui souhaiteraient booster leur site avec du contenu interactif.
Retraçons d’abord l’origine de Djéhouti et sa façon de fonctionner, avec une petite démo commentée :
Djéhouti fonctionne comme 3WDOC, et à l’inverse de Klynt : non par achat de licence, mais comme un abonnement mensuel. Ce qui semble un désavantage pour le réalisateur qui voit la diffusion de son œuvre conditionnée à un abonnement, peut en revanche constituer un atout pour les sociétés de production et les rédactions de presse qui utiliseront beaucoup le logiciel dans le cadre d’une production régulière de sujets (on parlera ici davantage de « sujets » que de « documentaires » à proprement parler…). En outre, Djéhouti propose d’exporter gratuitement l’ensemble des médias du projet à l’issue de 6 mois d’abonnement, sûrement pour pallier ce désagrément possible de se sentir « enchaîné ».
L’argument de Grégoire Sierra sur l’abonnement tient à la permanence du lien entretenu entre Djéhouti et l’utilisateur qui peut bénéficier d’un hébergement de qualité, d’outils de référencement intégrés et des mises à jour, de plug-ins insérés au fur et à mesure des versions du logiciel.
En tout, Djéhouti revendique une cinquantaine de clients. Ses formules d’abonnement vont du gratuit à une somme (non négligeable pour un indépendant, même s’il comprend l’hébergement du site) de 49 euros par mois, avec une troisième formule intermédiaire. L’ensemble des prestations est consultable ici.
Quelques mots enfin, plus généraux, sur la façon dont le HTML5 se généralise progressivement sur nos navigateurs :
Nicolas Bole
août 19th, 2012 → 13:41
[…] Troisième revue d’effectif des outils d’aide à la narration par Le Blog documentaire. Cette fois-ci, nous avons rencontré l’équipe de Djéhouti, le troisième larron (français) du tryptique Klynt – 3… From the site "Le Blog Documentaire" comes an useful article signed Nicolas Bole. Here it is a demo test of a web documentary tool called Djéhouti. To see Djéhouti in action, you can watch this reportage: – HONGRIE :LE REPLI IDENTITAIRE http://bit.ly/Qeerrr […]
août 20th, 2012 → 05:49
[…] Présentantion de Djéhouti, outil d'aide à la narration interactive. Proposé en abonnement seulement. Sans doute accessible aux grandes entreprises de presse, mais beaucoup moins avantageux pour les indépendants. […]
août 27th, 2012 → 06:02
[…] avez choisi Djéhouti pour l’interface ? C’était par commodité ? Parce que c’est le plus simple des […]
octobre 5th, 2012 → 13:57
[…] outil de diffusion comme enthousiaste de la première heure devant les outils narratifs du type Djéhouti. Photojournaliste, mais aussi très intéressé par la logique des jeux vidéos (et en pareil cas, […]
janvier 16th, 2013 → 06:31
[…] peut aussi être « générée » via des logiciels d’aide à la narration interactive (Klynt, Djéhouti et 3wdoc pour ne citer que les modèles français). Préformatés, ceux-ci présentent toutefois […]
février 19th, 2013 → 12:10
[…] – Webdoc : Les démo-tests #3 – Djéhouti […]
février 20th, 2013 → 06:32
[…] à destination des créateurs de contenus y sont apparus (Klynt, 3WDOC, Djehouti), on évoque plus rarement les logiciels StoryPlanet (à l’initiative du danois Bjarke Myrthu) ou […]
septembre 10th, 2013 → 09:32
[…] (près de 3 heures de contenus). Une gare qui se retrouve couchée sur le papier numérique du logiciel Djéhouti, une grande première dans un projet d’envergure pour cet outil de création. Un choix qui […]
octobre 1st, 2013 → 08:59
[…] webdocumentaires récents) ou encore Benjamin Hoguet (du logiciel de narration interactive Djéhouti). Après trois premiers rendez-vous globalement réussis, StoryCode France passe un cap en […]
novembre 14th, 2013 → 09:59
[…] La démarche transmédia de Claire existait, avant notre arrivée sur le projet, dans son désir de montrer la gare sous différentes lumières, de la prendre pour sujet et non pas pour décor, et de la raconter différemment – sous forme de fiction, de documentaire, de pièce de théâtre (un travail qui n’a pas été poursuivi)… Nous y avons rajouté le récit interactif. Nous ne sommes donc pas les "architectes transmédia" du projet, mais nous avons travaillé spécifiquement sur le récit interactif comme lieu de croisement des autres écritures. C’était un privilège de collaborer avec une cinéaste de cette envergure, ayant une telle précision de regard sur les histoires humaines, et souhaitant impliquer le spectateur dans une nouvelle forme de récit. Nous avons visité la gare avec elle, nous avons lu et vu le documentaire et la fiction à différentes étapes et énormément échangé sur ce qui se vit à la gare quand on s’y trouve, qu’on s’y déplace. Claire parlait d’étages, de moments, d’apparitions, de disparitions, et ça a immédiatement suscité l’idée d’une interface "espace/temps" dans laquelle on déambule, grappille, croise des histoires, des gens, qu’on écoute ou pas… Le visiteur était un voyageur, et une fois ce "statut" posé, toute la narration en découlait. L’idée du scroll qui anime le lieu, pour créer cette impression de marcher, de se déplacer, la structure en descente continue vers les profondeurs du RER depuis le parvis, l’organisation en trois moments de la journée ayant des rythmes et des teintes différents (qu’on espérait continue et sans rupture, mais la technique a ses limites !). Nous avons demandé à Claire Simon d’investir chaque unité "moment/lieu" en proposant des films courts, et nous avons ensuite imaginé le décor et les storyboards de l’interface pour y introduire les protagonistes de ces films. Nous devons tout le reste à des spécialistes que nous avons sollicités : le magnifique travail d’illustration et d’interprétation graphique de ces storyboards (réalisé par le studio Les Freds), celui d’illustration sonore (réalisé par Marie Guérin) et l’énorme travail de développement et d’ergonomie (accompli par l’équipe de Djéhouti). […]
décembre 23rd, 2013 → 15:51
[…] Troisième revue d’effectif des outils d’aide à la narration par Le Blog documentaire. Cette fois-ci, nous avons rencontré l’équipe de Djéhouti, le troisième larron (français) du tryptique Klynt – 3… […]
mars 21st, 2014 → 11:23
[…] avec une collecte sur KissKissBankBank, l’aide d’un ami graphiste et un peu de patience sur Djehouti, ou bien collaborer avec une société de production ? Les deux options sont à double tranchant […]
décembre 15th, 2014 → 16:02
[…] sur le blog documentaire) http://www.djehouti.com/97-djehouti.htm (présentation sur le blog documentaire) http://zeega.com (présentation sur le blog […]